La Violence envers les Soignants : Un Fléau Silencieux et ses Conséquences
La violence à l’égard des professionnels de la santé est une réalité alarmante mais souvent négligée. À travers une conférence percutante sur la violence, le traumatisme et la résilience dans le milieu soignant, un infirmier en psychiatrie partage son expertise et des témoignages poignants. Voici un éclairage sur cette problématique et les moyens d’y faire face.
- Une infirmière reçoit une gifle d’une patiente lors de l’administration d’un traitement sous contrainte, ce qui précipite sa décision de quitter la profession après un diagnostic de sclérose en plaques.
- Un infirmier-chef couvert de pansements après avoir été attaqué à coups de fourchette par un patient en décompensation psychotique.
- Du harcèlement moral institutionnalisé, comme cette infirmière responsable à qui on propose de démissionner car elle « coûte trop cher ».
Ces exemples confirment que la violence n’est pas limitée à la psychiatrie. Elle surgit dans les services d’urgence, les EMS et les soins à domicile.
Les sources multiples de la violence
Les sources de violence envers les soignants peuvent être classées en plusieurs catégories :
- Sources biologiques :
- Douleur non gérée
- Troubles neurologiques
- Intoxication ou sevrage
2.Sources sociales et environnementales :
- Contextes familiaux conflictuels
- Isolement social
- Hospitalisation perçue comme une perte de liberté
- Conditions de soins jugées dégradantes
3. Déclencheurs immédiats :
- Attentes prolongées (notamment aux urgences)
- Annonces de mauvaises nouvelles
- Perception de menaces ou de restrictions
4. Facteurs psychologiques :
- Frustrations
- Anxiété intense
- États confusionnels
- Troubles de la personnalité
La violence entre soignants : une réalité méconnue
La violence envers les soignants n’émane pas uniquement des patients et de leurs proches. Elle existe aussi entre collègues et au niveau institutionnel :
- Un infirmier promu clinicien subit trois ans de harcèlement moral (mobbing) par ses collègues qui vivent sa promotion comme une trahison
- Une infirmière en pédiatrie se voit refuser une certification après une erreur mineure, remettant en question l’ensemble de ses compétences
- Des directions qui mettent « des bâtons dans les roues » ou pratiquent une forme de chantage à l’emploi
Les conséquences du traumatisme lié à la violence
Un acte de violence peut engendrer un véritable traumatisme psychologique avec des répercussions importantes :
Conséquences psychologiques :
- Flashbacks et souvenirs envahissants
- Anxiété chronique et attaques de panique
- Insomnies et cauchemars
- Repli sur soi pouvant mener à la dépression
- Crises de colère
Conséquences physiques :
- Dérèglement du système neurovégétatif
- Troubles du rythme cardiaque et tension artérielle
- Problèmes respiratoires
- Troubles digestifs
- Tensions musculaires et douleurs somatoformes
Ces symptômes ne sont pas anodins. Selon les statistiques mentionnées, 80% des consultations chez un médecin généraliste seraient liées à un dérèglement du système neurovégétatif, souvent lié à des traumatismes non traités.
Mécanismes de défense face à la violence
Face à la violence, le cerveau met en place des mécanismes de défense pour se protéger :
- La fuite ou l’évitement
- L’attaque (réplique)
- L’état figé (sidération)
- Le déni ou la banalisation (« ce n’était pas grand-chose »)
- La généralisation (« ça fait partie du métier »)
- L’autopunition et la culpabilité (« je l’ai peut-être cherché »)
- Le refoulement (« je serre les dents et ça va passer »)
Ces mécanismes, bien qu’initialement protecteurs, peuvent à terme aggraver le traumatisme s’ils ne sont pas conscientisés et traités.
Vers des solutions concrètes
La conférence ne s’arrête pas au constat mais propose des outils pratiques pour faire face aux traumatismes liés à la violence :
- La cohérence cardiaque : Respirer 5 secondes sur 5 secondes pendant 5 minutes, trois fois par jour pour réguler le système neurovégétatif.
- Le tapping : Une technique simple de tapotements sur des points d’acupuncture, inspirée de l’EFT (Emotional Freedom Techniques), qui permet en quelques secondes de réduire l’intensité émotionnelle liée à un souvenir traumatique.
- L’alternance entre souvenirs agréables et désagréables : Ce va-et-vient aide à « défractionner » le souvenir traumatique et à réduire son impact émotionnel.
Ces méthodes, simples à apprendre et à appliquer, peuvent être utilisées immédiatement après un incident, mais aussi pour traiter des traumatismes plus anciens.
Conclusion
La violence envers les soignants constitue un véritable problème de santé publique qui mérite une attention accrue. Au-delà des mesures institutionnelles nécessaires pour prévenir ces situations, il est essentiel de doter les professionnels d’outils pratiques pour faire face aux conséquences psychologiques de la violence.
Reconnaître cette violence, briser le silence qui l’entoure et s’autoriser à chercher de l’aide sont les premières étapes vers la résilience. Des techniques simples comme le tapping peuvent aider les soignants à préserver leur santé mentale face à ces situations difficiles.
Parce que ceux qui prennent soin des autres méritent aussi qu’on prenne soin d’eux.

Yannick Gautier
Souriez, la vie est belle.
Soyez doux avec vous-même
Yannick Gautier - Infirmier clinicien
Formateur en Programmation Neuro-Linguistique - PNL